Boissons frelatées : La jeunesse se suicide à petit feu
Au Burkina Faso, outre la drogue et les autres stupéfiants, les jeunes s’adonnent aux liqueurs frelatées. Ce sont des boissons alcoolisées, dénaturées frauduleusement et vendues dans des kiosques, boutiques, maquis et bars en ville ou dans les campagnes. A Ouagadougou on assiste à la destruction de la population jeune.
Elles ont pour noms « koutoukou », « qui ma pousse », « Pastis » « Tchourou-Tchourou » « sopal » etc. Ces liqueurs sont vendues frauduleusement au vu et su de tous dans tous les coins et recoins de la ville de Ouagadougou. A la patte d’oie, un quartier de la ville de Ouagadougou quatre jeunes bien battis sont assis devant un kiosque. Devant chaque client, un verre servi à la commande. Deux d’entre eux ont accepté se confier à nous. Arnaud Kaboré justifie le choix de sa liqueur : « Avec 200F je grimpe les collines ». « On est jeune et on doit profiter intensément de la vie. Lorsque j’ai des soucis, je m’offre quatre boules de koutoukou à 100F à raison de 25f la boule et finis les problèmes parce que je m’endors » explique Salambere Ousmane. Dans le quartier Nagrin, les habitués de ces « bicoques » à liqueurs sont moins bavards. Nous avons fait une halte dans une de ces maisonnettes devant laquelle plus de dix clients tous âges confondus sont au rendez-vous.
Seul Lassina Ouédraogo nous a prêté attention. Pour lui, il n’arrive pas à bien manger, et ses amis lui ont conseillé de boire régulièrement du pastis en guise d’apéritif. « Je cherche à me débarrasser de ça mais je ne peux pas. En voulant me soigner voilà que je me suis créé d’autres maladies. Le matin quand je me réveille j’ai des douleurs atroces au niveau de la poitrine. Je suis allé en consultation et l’infirmier m’a dit de cesser de prendre ces boissons frelatées sinon la mort prématurée est certaine. J’ai essayé mais en vain ». Témoigne-t-il.
A Songnaaba au secteur 16 de Ouagadougou il était 16h et 15mn. Les clients devisaient sur les performances du FC Barcelone et du Real de Madrid, les deux principales rivales du football, un verre de liqueurs à la main. Madi Savadogo principal acteur du débat confie : « Avant, si je prenais quatre ‘’tickets ‘’ de ‘’figther’’ j’étais au top mais au fil du temps ma dose habituelle ne me permet plus d’atteindre le résultat escompté. Il me faut maintenant aller jusqu’à huit ou dix ‘’tickets’’ ».
Pour ce jeune homme de 25 ans s’il en est arrivé là c’est uniquement à cause de la pauvreté : « Lorsque j’avais les moyens je buvais de la boisson de qualité mais maintenant que je n’ai plus rien je me contente de quelques boules à moindre coût ».
En effet les risques et les conséquences sont nettement évidents. Alors, que faire pour arrêter ce suicide ? L’Etat doit s’investir à lutter âprement contre ces boissons dénaturées. Aussi, il doit trouver les moyens nécessaires pour lutter contre ces boissons frelatées et faire de cette lutte un combat de longue haleine comme celui contre la drogue.
LA RÉDACTION
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