Coup d’Etat au Burkina : Roch ou la chronique d’une chute programmée
Ainsi donc, la tour d’ivoire érigée n’était pas si imprenable que cela. Le président Kabore et son gouvernement sont restés sourds aux multiples alertes qui laissaient pourtant présager d’une chute imminente, suite à l’effritement de l’équilibre précaire de son pouvoir depuis son accession à la magistrature suprême.
Depuis 2015, ses différents gouvernements successifs avaient la difficile tâche de conduire le programme gouvernemental dans un environnement non maitrisé.
Ce n’est pas un secret de polichinelle que Roch ne maitrisait pas l’armée. Il a en retour jeté son dévolu sur la gendarmerie. Ce qui n’a pas manqué de créer des dissensions et un manque de coordination et d’efficacité au sein de ces différentes forces en lutte contre le terrorisme. Au lieu de trouver des solutions pérennes et structurelles aux différentes crises qui minent la société burkinabè, le régime a apporté des solutions conjoncturelles mal adaptées.
Kaboré a été incapable d’appliquer une politique de gouvernance vertueuse en réduisant le train de vie de l’état et en luttant efficacement contre la corruption. Au lieu de cela, il s’est adonné à un jeu de chaise musical, où celui qui est épinglé dans une affaire est juste changé de poste, au lieu de connaitre toute la rigueur de la loi. Si l’on ajoute à cela son incapacité à réconcilier les burkinabè et surtout ses insuffisances pétantes à apporter une solution au défi sécuritaire à lui imposé, Roch a perdu la confiance de bon nombre de ses concitoyens.
Refusant de tendre une oreille attentive aux multiples interpellations, le régime a versé dans la paranoïa, en traitant toutes voix discordantes comme des ennemies à jeter en prison ou à museler. Pour cela des moyens tant diversement impopulaires qu’inefficaces ont été élaborés dans des laboratoires secrets.
Le Régime s’est ainsi auto isolé en offrant à ses adversaires les armes pour le combattre et cheminer ainsi de lui-même vers une chute inéluctable. Ces derniers ont entrepris de saper la réputation du président, en le rendant impopulaire auprès de la population. Et la stratégie à bien fonctionné car Roch est tombé ce 24 janvier 2022 et aucune manifestation de soutien à son endroit n’a été observé.
Le nouvel homme fort du Burkina s’appelle Paul Henri Sandaogo DAMIBA. L’annonce du putsch du MPSR (Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration) a été accueillie favorablement par une bonne partie de la population. Mais il ne doit pas se tromper et croire que c’est un blanc-seing. Chacune des actions de la junte sera scrutée et surveillée comme de lait sur le feu.
L’ÉDITO DE LA RÉDACTION
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