Le choix du colistier semble désormais acté du côté de Patrice Talon, candidat à sa propre succession pour la présidentielle au Bénin le 11 avril 2021. Après une large concertation au domicile du chef de l’État le choix est porté sur une femme, Mariam Chabi Talata, actuelle première vice-présidente du parlement lui aussi contrôlé à 100% par le président Talon depuis les législatives d’Avril 2019.

Sauf revirement de dernière heure, Marian Chabi Talata sera la colistière de Patrice Talon à la présidentielle de 2021 au Bénin. Le nom de l’actuelle vice-présidente est sorti d’une rencontre entre les responsables des deux principaux partis créés en 2017 par le chef de l’État. C’est donc depuis le domicile du président Talon à Cotonou que l’information est partie alors que le conclave se poursuivait au cours du week-end écoulé. Sans doute une clameur subite au sein des hommes de compagnie (chauffeurs, gardes du corps, secrétaires) des personnalités présentes sur les lieux était à l’origine de la fuite.
A l’issue de la révision constitutionnelle opérée en 2019 par le parlement, il est désormais institué un ticket président et vice-président pour postuler à la magistrature suprême au Bénin. Ce sera donc le ticket Patrice Talon-Mariam Chabi Talata qui va défendre les couleurs du pouvoir. En janvier, Patrice Talon lui-même avait déjà rompu le suspens en déclarant son intention de se porter candidat à sa propre succession à la fin d’une tournée nationale entreprise depuis novembre 2020 à travers tout le pays.
Pour le moment, pas de déclarations officielles, pas d’indications spéciales sur ce choix. Au contraire, une programmation conçue à l’issue du même conclave évoque une grande cérémonie d’investiture du candidat et de sa colistière pour la fin de cette semaine. Le dépôt officiel des candidatures à la Commission électorale nationale autonome (Cena) étant prévue du 1er au 04 février. Donc plus de temps à perdre.
La nouvelle fait déjà des vagues dans la ville natale de madame Talata Chabi, Parakou, grande mégalopole du Nord du pays qui plus est le fief du leader de l’opposition et ancien président de la République, Yayi Boni. Il s’agit donc d’une femme originaire du Nord (Patrice Talon étant du sud) inconnue du grand public il y a encore quelques moi. C’est à l’issue des législatives sanglantes de 2019 que son nom est apparu lors de la désignation du bureau du parlement. Entrée à l’Assemblée nationale en tant que suppléante remplaçant le ministre de l’Intérieur Sacca Lafia élu député mais démissionnaire, elle fut désignée 1ère vice-présidente aussitôt. Là voilà en passe de devenir N°2 du régime si l’élection est gagnée par Talon. Pour les féministes, râleurs depuis l’avènement de Talon au pouvoir, ce choix est un bon coup destiné à effacer la très faible représentativité des femmes dans les instances dirigeantes du pays ces dernières années.
Il faut rappeler que jusque-là seul Patrice Talon a pu manifester ouvertement et officiellement sa volonté de participer à la présidentielle de avril 2021. Les autres potentiels candidats hésitent encore parce que seuls les deux partis créés par Patrice Talon en 2017 détiennent l’essentiel des parrains exigés de chaque candidat par le nouveau code électoral. Plus personne d’autres ne peut réunir les 16 parrains (députés ou maires) nécessaires pour valider une candidature sans recourir aux partis du chef de l’État qui a eux deux détiennent la totalité des 82 députés et 71 des 77 maires. Seul un autre parti a pu obtenir 6 maires à l’issue des municipales de mai 2020. Ce qui est insuffisant pour faire acte de candidature sans l’aide des partis présidentiels.

François Oyabi