BURKINA FASO LE PHÉNOMÈNE « IRISI » OU LA FIN DE L’EXPLOITATION DE LA DABA PAR LA PLUME ?
Le phénomène « Irisi » est sans aucun doute un tournant dans l’histoire sociopolitique du Burkina Faso. Il a mis en lumière la marginalisation de plusieurs franges de la population qui n’ont pas bénéficié d’une éducation formelle. Ces personnes qui ont longtemps été ignorées dans la prise de décision, se font entendre aujourd’hui à travers les réseaux sociaux et les manifestations sur les ronds-points des différentes villes du pays.
Pourquoi le burkinabè scolarisé croit-il qu’il soit seul à avoir le monopole de la conduite des affaires du pays. Si l’instruction nous privilégie pour l’occupation des postes dans l’administration, il est important de comprendre que la prise de décision ne doit pas être le monopole des intellectuels scolarisés. Les décisions prises par les hommes d’affaires, agriculteurs, éleveurs et commerçants, ont un impact significatif sur l’économie du pays. Leur voix doit donc être prise en compte dans la gestion des affaires du pays.
Cette frange de la population ne comprend pas souvent un seul mot de français, mais elle tient en grande partie l’économie du pays. Et elle l’a bien compris et ne compte plus se laisser marginaliser. Elle n’avait jusqu’à là pas droit à la parole pour la gestion de la chose publique, chasse gardée des intellectuels. Aujourd’hui, elle la réclame et ne compte plus rester en marge des décisions importantes de la vie de la nation. Pour cela, elle utilise un code de langage que les intellectuels longtemps seuls maitres à penser et de la communication ont du mal à décoder ou à accepter. Elle occupe pour ce fait les ronds-points et dictent leurs lois sur les réseaux sociaux qui leur était jusque-là inaccessible.
Quand les intellectuels auront compris que les décisions de cette frange de la population comptent et qu’elle devrait désormais compter avec l’avis de ceux qu’ils traitent te tous les noms d’oiseaux : « d’illettrés », « Irisi », « wayi yan », « c’est irzan », « Patazé Patazé » …, le Burkina fera un grand pas vers la vrai réconciliation. Et pour réconcilier toutes les couches de la société burkinabè qui sont actuellement en pleine décomposition, il est temps que les intellectuels comprennent que les décisions prises par cette frange de la population comptent. Il faut donc aller vers une inclusion de tous les acteurs dans la prise de décision pour une gestion efficace et équitable des affaires du pays.
Pour y parvenir, il est important de créer des programmes de formation pour ces franges de la population pour qu’ils puissent comprendre les enjeux politiques et économiques du pays. Des plateformes de dialogue et de concertation doivent également être mises en place pour discuter des questions importantes de la vie nationale. De plus, des quotas doivent être mis en place pour garantir la représentativité de toutes les couches de la société dans les instances de prise de décision. Enfin, il est important de favoriser l’entrepreneuriat chez les jeunes et les moins jeunes pour une économie plus inclusive.
En somme, pour une gouvernance inclusive et une réelle prise en compte des préoccupations de toutes les couches de la société, il est important de faire participer tous les acteurs, même ceux qui n’ont pas bénéficié d’une éducation formelle.
LA RÉDACTION
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