Crise sociopolitique au Bénin
Le parlement interdit d’accès aux journalistes
Les journalistes béninois même accrédités ne peuvent plus couvrir les travaux parlementaires. Ainsi en a décidé le principal responsable de la communication de l’institution à l’issue d’une rencontre avec des journalistes à Porto-Novo au siège du parlement. Portes closes donc pour les journalistes depuis avril 2020.
Plus de journaliste dans l’enceinte du parlement béninois désormais. Depuis avril 2020, les débats parlementaires ont lieu à Porto-Novo presque à huis clos. Les cabines des journalistes et du public ont été fermées puis transformées en cabine pour les fonctionnaires parlementaires depuis lors pour raison de Covid-19 officiellement. Alors qu’on s’attendait à une reprise des couvertures médiatiques sur l’institution, le nouveau directeur de la communication informe le Réseau des Journalistes accrédités au parlement dirigé par Gaspard Adjamossi de la suspension de leur activité au palais des gouverneurs de Porto-Novo siège du parlement.
Rappelons que la gestion du bureau du REJAP a objet d’un audit. Les subventions versées à ce réseau pour la formation de ses membres sont passées au peigne fin par une commission qui a écouté plusieurs responsables du Rejap. Elle a même demandé des preuves qui sont versées à la commission.
Il s’agit d’un coup d’arrêt à une collaboration vieille d’une décennie au moins.
Il ne reste à la presse de suivre les travaux parlementaires que sur Radio hémicycle qui émet en bande FM depuis Porto-Novo sur un rayon de 50 km. Impossible pour les journalistes désormais de couvrir les coulisses et le fonctionnement de l’administration parlementaire. Les organes de presse intéressés par les activités au palais des gouverneurs à Porto-Novo s’en remettent aux seuls comptes rendus du service de communication du parlement partagés sur les réseaux sociaux par des auxiliaires du cabinet du président Louis Vlavonou.
Tout est désormais orienté à la gloire du président du parlement et du chef de l’Etat. Toute l’activité parlementaire se résume donc à sa seule personnalité. Une communication à sens unique à la limite du culte de personnalité. Les réseaux sociaux sont inondés par des images du président Vlavonou généralement en tenue d’apparat et adoubé par des collaborateurs zélés. La dernière image en date est celle de la haie d’honneur formée par des agents du parlement à la gloire de leur président devant son bureau en marge de la cérémonie d’ouverture de la session d’octobre 2020. Une théâtralisation de la fonction de président de l’Assemblée nationale qui suscite beaucoup d’émoi au sein de l’opinion publique.
Tout ceci intervient dans un contexte politique électrique généralisée. Les 83 députés du parlement sont issus des deux partis politiques siamois politique créés par le chef de l’Etat tout en empêchant d’ailleurs les opposants d’aller aux élections législatives en 2019. Une exclusion à l’origine des manifestations violentes au cours de laquelle l’armée a fait plusieurs morts suite à des tirs à balles réelles dans la foule. Le pouvoir s’est ensuite dépêché d’amnistier les faits ayant occasionné ces pertes en vies humaines.
Le parlement peut donc délibérer tranquillement à l’écart des journalistes et du public tous interdits d’accès au siège de l’institution. Tous les votes ont lieu à l’unanimité des députés depuis mai 2019 dans une indifférence totale.
A la suite de la proclamation, hier 26 novembre, des résultats provisoires de l’élection présidentielle, la Conférence des candidats signataires de l’Accord politique de Ouagadougou a fait une déclaration. Elle dit en prendre acte et se réserve le droit d’utiliser les voies légales de recours.
Dans sa déclaration en date du 23 novembre 2020, la Conférence des candidats signataires de l’Accord politique de Ouagadougou a présenté les faits et les insuffisances relevés au cours du processus électoral qui entachent la régularité et la sincérité des élections couplées, présidentielle et législatives, du 22 novembre 2020 et dont les résultats provisoires viennent d’être proclamés par la Commission électorale nationale Indépendante (CENI) ce jeudi 26 novembre 2020.
La Conférence des candidats signataires de l’Accord Politique de Ouagadougou voudrait :
• Féliciter le peuple burkinabè pour la tenue effective et à bonne date des élections couplées présidentielle et législatives ;
• Féliciter et remercier les Forces de Défense et de Sécurité pour la sécurisation efficace du processus électoral ;
• Féliciter et remercier les organes de presse pour la couverture médiatique qui a permis au peuple burkinabé de connaître les différents projets des candidats ;
• Prendre à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur les nombreux disfonctionnements, les violations du code électoral notamment la non observation de la compilation manuelle, les fraudes massives, les modifications illégales du nombre et de la cartographie électorale, les achats de conscience etc. toutes choses qui ont altéré la sincérité du résultat ;
• Rappeler le comportement républicain constant de l’opposition et l’esprit du dialogue politique qui a permis d’asseoir des dispositions consensuelles sur les grandes questions liées à la tenue d’élections sincères, transparentes et équitables dans un contexte marqué par une insécurité hors de contrôle et une situation sanitaire préoccupante ;
De tout ce qui précède, l’opposition politique :
• Prend acte des résultats provisoires proclamés par la CENI ;
• Se réserve le droit d’utiliser les voies légales de recours pour traiter des irrégularités relevées au cours du déroulement du processus électoral et tout particulièrement au cours du scrutin du 22 novembre 2020 ;
L’opposition politique réaffirme, à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale, sa volonté renouvelée de préserver la paix, la stabilité et la sécurité au Burkina Faso en plaçant l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute autre considération.
Fait à Ouagadougou, le 26 novembre 2020
Les candidats signataires de l’Accord Politique de Ouagadougou
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