Harouna Gouem, comédien : « Les TIC ont donné plus de visibilité à l’homme de théâtre et au métier »
Egalement metteur en scène et coach de théâtre d’improvisation, Harouna Gouem fait partit de ces jeunes artistes qui apportent de l’innovation dans le domaine du théâtre au Burkina Faso. Pétris de talents et d’expérience, il réalise de nombreux projets pour des organisations internationales telles que l’organisation internationales pour les migrations (OIM). Dans cette interview qu’il a accordée à LIVE NEWS AFRICA – LNA, le comédien parle du théâtre à l’ère des technologies de l’information et de la communication (TIC), de ses collaborations avec des organisations et ses projets futures dans le domaine du théâtre. Lisez !
Qui est Harouna GOUEM ?
J’ai fait des études d’arts dramatiques à l’université de Ouagadougou et au centre de formation en art vivant (CFRAV). Au campus, j’ai mis en place une troupe de théâtre avec mes camarades de promotion que nous avons appelé troupe théâtrale universitaire (TTU). J’ai dirigé la troupe pendant mes années d’études. Nous avons représenté l’université de Ouagadougou lors des rencontres de théâtre universitaire hors du Burkina Faso. C’est donc depuis le campus, que j’ai appris à penser et réaliser des projets de création. Si bien que l’université de Ouaga-2 actuelle université Thomas Sankara m’a confié la formation des étudiants constitué en groupe de théâtre en vue de leur participation aux jeux universitaires.
Après mes études, j’ai réalisé un projet de sensibilisation de deux ans sur la migration irrégulière avec l’accompagnement de l’organisation internationale pour les migrations (OIM) dans la province du Boulgou d’où je suis originaire. Et j’ai parallèlement travaillé comme comédien dans des spectacles au CITO, pour la fédération du cartel, à gambidi et à la compagnie théâtrale le Roseau pour des tournées de sensibilisations à travers le pays, des représentations en salle ou pour participer aux festivals de théâtres dans le pays ou hors du pays. J’ai écrit des textes de sensibilisations dans le cadre de divers projets et j’ai travaillé au renforcement des capacités de plusieurs troupes de théâtre à l’intérieur du pays: Bobo, Ouahigouya, Fada, Tenkodogo, Léo, Dori, Koudougou et bien d’autres. Je me suis beaucoup investie dans le travail avec les enfants en enseignant le théâtre au complexe scolaire la sagesse et au lycée français St Exupéry pendant 4ans. Actuellement je travaille avec la petite enfance. J’ai également été appelé à apporter mon savoir-faire théâtrale dans d’autres domaines tel que l’accompagnement des spécialistes de la santé mentale dans le travail avec les enfants à l’association santé mentale (samenti), au projet de sensibilisation des élèves des différents établissement d’enseignement primaire de Gampela sur l’environnement avec les techniciens de l’ONG Tiipaalga, à la formation des jeunes en art oratoire au côtes des spécialistes de l’information et de la communication à l’UNALFA. Ces projets s’étalent sur plusieurs et certains d’entre eux sont toujours en cours de réalisation. J’anime des activités de relâchement pour les ONG et entreprises dont : le personnel de l’Union Européenne, de ACF, de Humanité et inclusion etc. Je continue d’initier et de réaliser des projets et les plus récents se sont déroulés dans le cadre de la sensibilisation contre la covid19 ou j’ai fait du théâtre diffusé en live sur Facebook. Cette expérience a été renouvelé pour la CODEL lors des élections pour la promotion des élections apaisé.
Vous êtes communément appeler journaliste Facebook ? Expliquez-nous
Journaliste Facebook est le nom d’un personnage que j’incarne dans l’émission radiophonique jeunes wakat, produite par l’UNALFA. Dans le cadre de ce projet, qui dure déjà 2 ans, j’ai été amené à penser et animer une rubrique de l’émission. Cette émission est diffusée chaque semaine dans plus d’une vingtaine de radio à travers le pays. Le public cible de l’émission étant les jeunes, j’ai donc pensé le personnage de journaliste Facebook, un jeune qui passe tout son temps sur les réseaux sociaux d’où il tire l’essentiel de son information. Un personnage à l’image de beaucoup de jeunes afin que ces derniers se sentaient concerné par ce que je vais raconter et que ce sketch soit un espace de sensibilisation. Dans le sketch journaliste Facebook à deux interlocutoire et se sont : son voisin nommé bas-quartier étudiant donc un jeune bien informé et la go maimouna, une élève qui vend des fruits pendant les vacances. Chaque semaine j’écris et travail avec les techniciens de l’émission à réaliser le sketch avec mes 2 autres collègues. C’est de ce personnage qu’il s’agit.
Vous faites des sketchs diffusés sur les réseaux sociaux. Pourquoi ce choix ?
Avec l’avènement de la covid19 et l’édition de consignes du ministère de la santé, il était difficile pour moi de mettre le théâtre « classique » au service de la sensibilisation car il n’était pas permis de réunir plus de 50 personnes. Pourtant je voulais participer à la sensibilisation et au regard de la gestion de cette pandémie par nos autorités, j’avais l’impression qu’une bonne partie de la population n’avait pas son mot à dire. Chaque jour on entendait du tout : le coronavirus n’existe pas chez nous, le gouvernement veut se faire de l’argent avec cette histoire de covid19 etc. J’avais l’ultime conviction que les plus démunis avaient envie de s’exprimer sur la question. Voilà pourquoi indépendante des émissions jeunes wakat, j’ai pensé le projet journaliste Facebook dans les non loti, une sorte de sensibilisation théâtrale dans ces zones où nous jouons une saynète de 10 minutes dans un restaurant, un kiosque, un cabaret ou un marché en tout cas un lieu bien fréquenté par les jeunes. Mais de façon impromptue de sort à réunir une trentaine de personnes. Et cette représentation était filmé et diffusé en live sur Facebook. De sorte à ce que Facebook soit un espace de représentation. Et c’est uniquement sur Facebook que les gens sont mobilisés pour la représentation sur le terrain, on arrive dans un non loti et dès que l’heure que nous avons donné à nos spectateurs était arrivé, on installe notre matériel et on joue. Facebook nous permettait de mobiliser du monde et d’être vue sur tout le territoire. Et au jour d’aujourd’hui je peux dire sans l’ombre d’un doute que les gens des zones défavorisées avaient vraiment envie de prendre la parole sur cette pandémie. L’expérience bien réussi m’a permis de réaliser le projet journaliste Facebook parle des élections, une sensibilisation réalisé pour la CODEL dans plusieurs villes du pays lors des élections présidentielles d’octobre 2020.
Comment se fait la préparation de ces contenus diffusés sur ces réseaux sociaux ?
Nous faisons des répétitions que je dirige pour créer le spectacle. Et une fois sur le terrain nous prenons le temps d’adapter le spectacle. Mais sur le projet journaliste Facebook parle des élections, j’ai écrit le texte avant les répétitions parce que le partenaire devait faire des aménagements sur le contenu. L’un dans l’autre nous faisons une répétition et une fois sur le terrain nous prenons le temps de nous adapter à l’espace de jeu. Surtout que sur le terrain, nous avons une équipe de cadreurs et un petit public à prendre en compte. Donc, il fallait un travail de mise en espace afin que les choses soient bien coordonnées.
Les réseaux sociaux sont-ils à vos yeux un canal de diffusion important pour la diffusion d’informations?
Les réseaux sociaux sont un canal de diffusion très important en ce sens qu’il permet de toucher très rapidement beaucoup de jeunes (et même les moins jeunes) car ils passent plus de temps sur les réseaux sociaux que dans les salles de spectacles, de cinéma ou même malheureusement les salles de classes. Et de façon organisationnelle, ils demandent moins de matériels et de tracasseries : c’est un espace libre, moins coûteux et plus accessible. Il y’a aussi la possibilité de toucher beaucoup de personnes dans ta ville, ton pays et à travers le monde contrairement à une représentation classique de théâtre que seul ceux qui sont présent dans l’espace de représentation peuvent voir. Le message reste sur l’espace de diffusion pendant longtemps. Les données sont quantifiables ce qui est très difficile pour une représentation théâtrale dans un marché par exemple. Le partenaire financier a besoin de savoir combien de personnes ont suivi la représentation et avec le théâtre live Facebook cela est possible.
Parlez-nous du théâtre à l’ère des technologies de l’information?
Les hommes de théâtre font une forte communication sur les réseaux sociaux pour mobiliser le public aux spectacles de théâtre et aux festivals de théâtre. Ils l’utilisent aussi pour se vendre c’est à dire montrer leur savoir-faire en vue d’attirer des partenaires potentiels. Je pense qu’avec la covid19 beaucoup d’hommes de théâtre ont aussi expérimenté le théâtre live. Les réseaux sociaux sont en train de devenir un espace de diffusion de spectacles tout comme la place du marché, la salle de spectacle et autre. Nous avons pour finir des vidéos postées par les web-humoristes. Ce sont des court-métrages diffusé sur les réseaux sociaux. Et beaucoup de comédien s’y sont lance parce qu’ils vont plus facilement se faire une notoriété. Nous allons probablement assiste à des formes de théâtre pour les réseaux sociaux. Je pense que les technologies de l’information viennent donner plus de visibilité et à l’homme de théâtre et au métier du théâtre.
Des projets dans lesquels vous avez travaillé?
Pour ce qui est des réseaux sociaux, j’ai déjà cité deux projets : journaliste Facebook dans les non loti, projet de sensibilisation sur la covid19 réalisé dans les non lotis de la ville de Ouagadougou. Journaliste Facebook parle des élections, un projet de sensibilisation sur les élections apaisées financé par la CODEL. Lors de ces deux projets, j’ai réalisé des sketchs filmé et diffuse en live sur Facebook. Le public sur les lieux du spectacle est relativement petit. Le gros du public est mobilisé sur Facebook. Le spectacle est de 10 minutes parce que la connexion internet est chère et les jeunes passent très vite à autre chose sur les réseaux sociaux.
Pour ces réalisations vous travaillez surement avec des collaborateurs?
Oui, c’est une équipe de six personnes : deux comédiens, un cadreur, un opérateur son, un community manager et un influenceur.
Avez-vous des projets dans l’avenir en solo ou en groupe?
En solo, je suis beaucoup sensible à la situation des enfants dans les camps de personnes déplacées internes (PDI) au sahel, cette région qui m’a vu naitre et où j’ai fait tout mon cursus scolaire. Je voudrais y développer une forme de théâtre qui a un but thérapeutique. J’ai travaillé sur cette forme à SAMENTI avec des spécialistes de la santé mentale. J’espère démarrer cette activité très bientôt et pareillement à cela, je travaille sur un projet de cohésion sociale. Et je suis également très sensible à ce thème au regard de la situation actuelle de notre pays. Vous savez, je suis bissa né dans la région des peulh à Dori. La langue locale et la culture que je connais le mieux c’est la langue peulh et la culture peulh. Souvent, quand je dis aux gens que je suis bissa beaucoup ont du mal à l’accepter. On me voit peulh. En outre, mon nom de famille est en langue mooré : GOUEM veut dire sommeil ou dormir. Mon ancêtre était mossi. Je suis le fruit d’un brassage de culture et de tradition à l’image de notre pays. Et, je voudrais rappeler cela à travers des spectacles de théâtre en langues locales. Pour ce qui est de mon groupe de travail, nous sommes en train de tourner des capsules de vidéo pour sensibiliser les jeunes sur les réseaux sociaux.
Message à l’endroit de la jeunesse?
Je voudrais dire deux choses aux jeunes : il faut savoir parler, s’exprimer sur les réseaux sociaux. Et il faut savoir utiliser notre temps, car nous ne resterons pas jeune indéfiniment.
Interview réalisée par DBWT
Laisser un commentaire