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Diplomatie : Le Togo et le Bénin mettent fin à leur coopération énergétique

Les relations entre le Togo et le Bénin se dégradent davantage ces derniers temps. C’est la coopération énergétique en vigueur depuis 1968 a travers le traité de la Communauté Électrique du Bénin (CEB) qui vient de prendre un coup par sa disparition prononcée par son instance suprême, le Haut Conseil Interétatique (HCI) le 25 mars 2021.

Plus rien ne va entre le Togo et le Bénin. La Communauté Électrique du Bénin (CEB), l’un des derniers vestiges de la coopération entre les deux pays a cessé d’exister selon les décisions de son instance suprême en date du 25 mars 2021. Le Haut Conseil Interétatique a délibéré en référence à des recommandations des chefs d’État. Cet instrument d’intégration et de coopération énergétique entre le Togo et le Bénin en vigueur depuis 1968 est tout simplement dissout. C’est lui qui gérait tout le flux d’énergie en provenance du Ghana et de la Côte d’Ivoire réparti entre les deux États. Il faisait office de haute autorité de régulation des entreprises distributrices d’énergie dans chacun des États membres.
Mais depuis quelques années, cette coopération bat de l’aile. Chaque membre développe désormais sa politique énergétique en dehors du cadre de la CEB. On avait pourtant cru en une communauté de destin en matière de production d’électricité entre le Bénin et le Togo avec la construction du barrage de Nagbeto sur le fleuve Mono en 1987. Ce barrage devrait être suivi de celui de Adjaralla quelques années plus tard. Mais hélas ce dernier projet n’a jamais vu le jour. Le Togo étant accusé de traîner les pas dans la mobilisation des ressources. En effet, si Nagbeto a été construit presque entièrement sur le territoire togolais, sa réplique Adjaralla est prévue pour être réalisée en territoire béninois avec tous les accessoires.
La grave crise énergétique de 1997- 1998 a largement contribué à la détérioration de cette coopération. Face aux ruptures de fourniture en énergie électrique en provenance de la Côte d’Ivoire et du Ghana, chaque gouvernement a commencé à entreprendre des solutions individuelles d’où l’apparition des turbines à gaz parallèlement à la production régulée par la CEB. Le Togo est allé plus loin en construisant une minicentrale suspectant son voisin de rechercher également des sources parallèles d’approvisionnement auprès du géant nigérian.
C’est dans cette ambiance de suspicion et de récriminations réciproques que le Bénin s’est vu éligible au programme Millenium Challenge Account (MCA) financé par les États-Unis d’Amérique et qui dont l’un des objectifs principaux reste l’énergie électrique aux côtés de la justice et de l’éducation. Grâce à ce programme américain, les autorités béninoises ambitionnent désormais non seulement d’atteindre l’autosuffisance en matière d’énergie électrique mais projettent de devenir d’ici quelques années fournisseur d’énergie pour ses voisins.
Mais malgré ces frictions, les deux pays ont tenu à sauver les apparences en maintenant une coopération de plus en plus vidée de son contenu. La CEB a fait les frais d’une diplomatie sous tension entre les deux pays depuis l’avènement du président Patrice Talon au pouvoir en 2016. Il y a quelques jours un ministre Béninois a ouvertement accusé le Togo de faire partie d’un complot visant à déstabiliser le régime en place a Cotonou. Dans la foulée, une imposante béninoise jugée proche du président togolais Faure Gnassingbé a été accusée de terrorisme et emprisonnée. Un voisinage délétère qui risque d’être fatal à toutes les initiatives d’intégration entre les deux pays.

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Pierre Ouédraogo

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