Banditisme et enfants de la rue : Vivement que ces boîtes « rouges » ne se transforment pas en kalachnikovs !
Habillés en guenilles, parfois torses nues, pieds nus, une grosse boîte de concentré de tomate vide en main ou en bandoulière, il est impossible de les échapper ces mendiants et enfants de la rue, dans les villes de Ouagadougou et dans bien d’autres villes du Burkina Faso. A chaque jour que Dieu nous donne un souffle de vie, on les croise aux abords des feux tricolores, devant les banques et dans différents autres lieux publics, le regard livide et sans couleur, à tel point qu’on ne sait plus à quel mendiant il faut manifester sa solidarité. Si cette pratique était à une certaine époque attribuée aux personnes nécessiteuses et aux enfants issus le plus souvent des écoles coraniques, force est de constater que de nos jours, ce phénomène prend de plus en plus une proportion inquiétante et les enfants de la rue occupent une bonne place. Qu’est-ce-que la rue peut-elle offrir à ces mendiants, communément appelés ‘’Garibou’’ en langue mooré, pour leur survie sans aucune vie normale et qui n’ont de compte à rendre à personne ?
Les raisons qui contraignent la majorité à adopter de telles attitudes, sont diverses. D’une part, il y a ceux qui fuient leurs villages pour les villes et rêvent de l’Eldorado à la belle étoile. D’autre part, il y a ces enfants incestueux bannis et qui n’ont que la ville comme seul refuge pour des horizons peinards. A cela s’ajoute la crise sécuritaire que vit le pays des ‘’Hommes intègres’’ depuis 2015, occasionnant dans les zones en proie des à attaques, des milliers de déplacés internes, dont les enfants n’ont pas été épargné. Les derniers chiffres de 2016 révèlent que plus de 9000 enfants se retrouvent en situation de rue au Burkina Faso, dont plus de 2000 dans la capitale. Ces derniers ont un âge compris entre 6 et 25 ans et de divers horizons et parfois des pays voisins. Laissés pour compte sans être comptés dans leurs familles, ils se nourrissent des miettes de leur mendicité. A Ouagadougou, l’avenue Norbert Zongo, semble être le fief d’une centaine d’enfants et de femmes, postés toujours au niveau des feux tricolores et dans les stations-service.
On peut rencontrer toute une famille à ces lieux avec des bambins qui faufilent entre les véhicules et les mobylettes, sans se soucier des risques d’accidents auxquels ils sont exposés, avec ce slogan à répétition : « Je demande de l’argent pour manger ». Des âmes plus sensibles qui ne peuvent pas résister à ces mots touchants, leur tendent des pièces de monnaie. D’autres par contre, le font souvent, juste pour se débarrasser d’eux. Ces mômes, à un certain âge, pensent que tenir la fameuse boîte de tomate sous l’aisselle quotidiennement et quémander, c’est vendre leur honneur. Alors ils décident de gagner dignement leur pitance journalière à la sueur de leur front, pour mieux s’insérer dans la société. Malheureusement certains d’entre eux, continuent de tourner en rond au carrefour de la résignation et finissent dans la consommation de la drogue et d’autres stupéfiants et deviennent des pickpockets.
C’est dans la perspective de parer à toute éventualité que le gouvernement, par le truchement de la ministre en charge de la Famille, Laurence Marshal Ilboudo, a initié l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue, lancée le 10 Août 2018, à Ouagadougou. Un ancien enfant retiré de la rue de Ouagadougou, devenu aujourd’hui gérant de quincaillerie a témoigné en ces termes « J’étais la risée de tous. Je dormais dans les rues à la belle étoile et j’étais obligé de voler pour survivre. Je vivais de la filouterie. L’atmosphère de vie de mes camarades et moi, était comparable à une jungle. Nous vivions par bandes, sous des sobriquets de guerre, toujours prêts à nous battre pour la survie. Aujourd’hui, grâce au projet du gouvernement, je suis devenu responsable ». Parmi les enfants qui ont eu cette chance de déposer définitivement cette ‘’fameuse’’ boîte de tomate, certains ont refusé d’être « parqués » dans des centres. Leur nouvelle ‘’forme de mendicité’’, ce sont des opérations de braquages et d’agression des citoyens. Souvent le plus âgés n’a que 20 ans et les plus jeunes ont un âge compris entre 13 ou 14 ans. Il n’y a qu’à revoir les différentes conférences de presse de présentation des malfaiteurs, pour mieux jauger l’ampleur de la situation.
Ne doit-on pas craindre la naissance « des microbes » comme en Côte d’ivoire, ou des adolescents, sous la houlette des adultes agressent et tuent souvent des citoyens ? Il faut aussi souligner que la plupart de ces enfants sont vulnérables. Certains pour une bouchée de pain sont capables de se laisser endoctriner et servir la cause des personnes aux desseins lugubres. Cette opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue ne doit pas être seulement l’objet d’une campagne politique. Elle doit plutôt être intégrée dans un programme à part entière, comme celui de la lutte contre le terrorisme au risque que ces enfants mendiants, ventre creux, qui patrouillent vers l’inconnue à longueur de journée et à l’allure sans fierté aucune qui tiennent ces boîtes de tomate, ne tiennent pas un jour des kalachnikovs, en vue de se consoler et se venger de l’humiliation subie, pour paraphraser le journaliste Norbert Zongo.
Ben Billa
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