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Burkina faso | Interview : Le Burkina sort de la CEDEAO, mais reste dans l’UEMOA

La CEDEAO perdra au moins 45 milliards de FCFA par an avec le retrait de l’AES, ministre burkinabè

Le ministre burkinabè en charge de l’Economie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, a estimé dimanche, que la CEDEAO va perdre annuellement au moins 45 milliards de FCFA de prélèvements communautaires, avec le départ groupé du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

L’organisation sous régionale va également perdre « les effets de synergies ».

« La CEDEAO va aussi être impactée parce que passer de 15 à 12 pays, ça fait forcément un manque à gagner ».

FCFA: « Le Burkina reste membre de l’UMOA », ministre de l’Économie

« Les raisons qui nous ont poussé à sortir de la CEDEAO, ont été clairement exprimées, c’est le fait que la CEDEAO s’est véritablement écartée des idéaux de ses pères fondateurs.

« Nous avons également constaté qu e la CEDEAO est par moment manipulée par des puissances étrangères. Nous estimons que cette façon de fonctionner, ne correspond pas à ce que nous avons comme vision ».

« En ce qui concerne l’UMOA, jusqu’à présent, nous n’avons pas ces mêmes reproches. Donc nous restons membre de l’UMOA ».

L’AES concentre l’essentiel des ressources naturelles de la CEDEAO, ministre burkinabè

« L’essentiel des ressources naturelles de la CEDEAO se retrouve dans les pays de l’AES ».

M. Nacanabo rejette en bloc ces « analyses tendancieuses et même tronquées à dessein » qui voudrait faire passer un espace « fort » de 70 millions d’habitants pour un espace fragile.

« Les ressources sont là. Il suffit que nous puissions avoir l’intelligence nécessaire pour pouvoir les exploiter à bon escient pour faire de cet espace, un espace viable et surtout prospère », a soutenu Aboubakar Nacanabo.

Le Burkina, le Mali et le Niger étaient déjà exclus de fait de la CEDEAO, ministre Nacanabo

Les présidents Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani, n’ont fait que « matérialiser » la sortie de leurs pays de la CEDEAO car ils étaient privés des instances de décision de l’organisation.

 « Depuis les changements intervenus au Burkina, au Mali et au Niger, nous étions déjà exclus de la CEDEAO. Nous n’étions plus invités aux grandes activités de la CEDEAO »

Il a notamment cité la conférence des chefs d’État de la CEDEAO, du conseil des ministres et même certaines réunions techniques.

« Nous avons trouvé cela déplorable. La décision du 28 janvier (2024) est une décision prise pour matérialiser véritablement leurs sorties ».

Au niveau commercial, la sortie du Burkina de la CEDEAO aura peu d’impacts, ministre

Le retrait du Burkina Faso de la CEDEAO aura peu d’impacts au niveau de son commerce extérieur, grâce surtout à la faiblesse de ses échanges avec les pays membres de la CEDEAO et hors UMOA.

« Notre sortie de la CEDEAO en termes d’impact sur le commerce extérieur, n’est pas assez significatif en dehors du Ghana ».

Il a rappelé que l’espace CEDEAO comptait 15 pays membres dont 8 au sein de l’UMOA , y compris le Burkina Faso.

De l’avis du ministre, l’application du Tarif extérieur commun de l’UMOA qui est proche de celui de la CEDEAO, contribuera à minimiser les impacts.

Les exportations en 2023 ont atteint 14% avec la zone CEDEAO dont moins de 3% avec les pays hors UMOA comme le Ghana. 

La dynamique de transformation sur place lancée par les autorités, va permettre de maîtriser cet impact.

En termes d’importation, elles ont atteint 26% en 2023 avec la CEDEAO dont moins de 7% avec les pays hors UMOA.

Ici encore, la plus grande partie des importations concerne le Ghana avec l’achat de l’électricité. 

Il s’agit tout simplement de la fin d’une coopération multilatérale et non de la fin des coopérations bilatérales.

« Les relations entre les pays sont beaucoup plus basées sur les intérêts. Si les pays trouvent qu’ils ont intérêt à collaborer sur des points précis de l’Economie, je crois que ça va se faire ».

En rappel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé le 16 septembre 2023, l’AES pour se défendre mutuellement et promouvoir le développement.

Ces trois pays se sont retirés de la CEDEAO, le 28 janvier 2024, pour protester contre l’inféodation de l’organisation à des puissances étrangères, ses sanctions injustes et son éloignement de ses idéaux de départ.

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