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Crise du carburant à Bamako : la stratégie de la pénurie, une arme contre la souveraineté

La stratégie est vieille comme la politique : rendre la vie impossible pour pousser les citoyens à bout, puis présenter l’autorité en place comme l’unique obstacle ou la seule victime de la « colère légitime » du peuple. Le mécanisme est simple dans son calcul et cruel dans ses effets : on complique l’existence quotidienne pénuries, files, coupures, inflation jusqu’à ce que la douleur quotidienne devienne le carburant d’une colère qui peut être récupérée, orientée, et transformée en déstabilisation. À Bamako, ce mécanisme a pris la forme d’un blocus des approvisionnements en carburant qui a paralysé la capitale : files interminables, entreprises à l’arrêt, transports offerts à la spéculation et à la peur. 

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Ce qui rend la manœuvre doublement perverse, c’est sa matrice : l’ennemi ne se contente pas de frapper physiquement ; il joue sur les perceptions et les ressentiments. En privant un peuple d’un bien vital, on crée des occasions de désinformation, on aiguise les frustrations, et on rend possible l’option révolutionnaire comme solution « naturelle »  alors que souvent il s’agit d’un piège qui profite à des acteurs extérieurs ou aux groupes qui cherchent à abattre l’État pour imposer d’autres formes d’autorité. Les faits récents au Mali montrent que cette tactique n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’une stratégie qui mêle attaques ciblées sur les chaînes logistiques, propagande et violences contre les transports.

Là où la leçon se durcit, c’est dans la généralisation régionale : chaque pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et au-delà a eu sa dose d’opérations destinées à générer malaise et colère. Ces techniques trouvent un terreau favorable lorsque la mémoire collective accepte l’idée que « la douleur forge la cause ». Or, la vérité historique et civique est inverse : la douleur peut forger la résignation, la rancune et la manipulation mais elle ne garantit en rien la loyauté à une cause juste. Des acteurs étrangers et des influenceurs opportunistes apparaissent parfois pour orienter ce ressentiment vers des finalités qui ne servent pas les intérêts des populations locales. 

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Face à cela, deux attitudes sont possibles : céder au fatalisme ou cultiver la résistance intelligente. Le Mali, malgré ses blessures et ses crises, porte une longue histoire de dignité et de refus de l’humiliation. Ce n’est ni un slogan romantique ni une carte postale : c’est un héritage politique et moral qui commande aujourd’hui une réponse mesurée mais ferme. La riposte utile n’est pas nécessairement l’escalade violente ni la reddition à la revanche, mais la construction d’une résilience civique : maintien des services essentiels, protection des chaînes logistiques, information fiable, sanctions ciblées contre ceux qui instrumentalise la crise, et solidarité communautaire pour réduire l’effet des chocs. 

Aux jeunes générations maliennes qui regardent cette épreuve : l’héritage que vous choisissez de perpétuer fera la différence. Hériter d’une fierté qui se transforme en duplicité n’est pas un héritage ; c’est une trahison. Perpétuer l’honneur, c’est d’abord apprendre à discerner entre colère légitime et manipulation, entre action citoyenne et chaos orchestré. C’est aussi s’organiser collectivement, pour que la souffrance ne devienne plus jamais le levier d’une stratégie étrangère ou de groupes qui n’ont d’autre programme que l’affaiblissement du bien commun.

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Enfin, il faut rappeler une évidence pratique : la lutte pour la souveraineté et la dignité demande à la fois courage et méthode. Il faut protéger les approvisionnements, assurer la continuité des services, exposer les responsabilités publiques et privées, soutenir les journalistes et les lanceurs d’alerte, et surtout refuser la tentation du tout-violent. La dignité du Mali n’a jamais été d’adorer la douleur ; elle a été de transformer l’adversité en force constructive. Que fera la nouvelle génération malienne : perpétuer cet héritage ou le trahir ? La réponse sera le vrai verdict historique.

✍🏾 Rédaction Live News Africa

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