Trafic routier : De Ouaga à Lomé, même route même galère !
Ça aurait pu être de Cotonou à Bamako, d’Abidjan à Abuja ou de Niamey à Accra. A peine une à deux heures de vol pour chacun de ces trajets. D’une plate banalité, si le transport aérien n’était pas ce qu’il est dans cette sous-région. Une locomotion de riches pour ne pas dire de la haute bourgeoisie locale. C’est plutôt les routes qui reçoivent le gros lot du trafic avec des fortunes diverses selon l’état du bitume s’il y en a, la hargne des délinquants de la route, les humeurs des forces de l’ordre et surtout de la dextérité du conducteur. Aller de Niamey à Cotonou ou de Bamako à Lagos et autres trajets du genre sont de véritables scénarios riches en émotions, en couleurs, en sueurs, parfois en sang voire en tragédie. Et pourtant c’est le quotidien de l’écrasante majorité de ceux qui animent l’économie locale de cette sous-région.
Le cas du transport est illustratif des disparités et des incongruités qui font l’Afrique de tous les jours. En effet, il ne s’agit pas d’un pays, d’une ethnie, d’une culture unique mais d’une mosaïque de réalités ondoyantes et fluctuantes à chaque km parcouru. D’où la problématique de l’existence même d’une conscience africaine, c’est-à-dire une manière commune de concevoir la marche vers le futur.
Les historiens se chargeront certainement d’apporter l’éclairage qui convient à celui qui a porté la provocation jusque sur nos terres en déclarant depuis Dakar que « l’Afrique ne s’est pas suffisamment projetée dans son histoire ». Que dire alors de son autre compatriote qui depuis Paris disait aux africains de discipliner leurs organes de procréation afin que la trop grande fécondité dans leurs lits n’annule les effets attendus de la croissance économique très forte sur le continent depuis des décennies.
Au-delà des contradictions macro-économiques ou géostratégiques il y a des réalités qui peuvent faire douter de cette fameuse conscience africaine surtout face à l’indifférence de l’union Africaine vis-à-vis du marché de vente et d’achat de noirs migrants en Libye. Difficile dans ces conditions d’évoquer une sorte d’uniformité de combat, d’engagement ou de même de pensée que l’on soit à Kinshasa, à Maputo ou à Johannesburg. Si proches et si différents. C’est quoi l’Afrique finalement ?
Moussa BANAO
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