ÉDITO | SYSTÈME D’ORGANISATION FRANCOPHONE : L’INTELLIGENCE ACADÉMIQUE A L’ÉPREUVE DE LA CRÉATIVITÉ ET DU PRAGMATISME.
Dans le panorama éducatif et professionnel francophone, deux hypothèses dominent traditionnellement la manière dont les individus sont évalués et promus : premièrement, l’idée que les personnes ayant réussi de brillantes études sont nécessairement les plus intelligentes, et deuxièmement, la croyance que ces individus sont également les plus aptes à prendre des décisions judicieuses. Cette perspective, cependant, soulève des questions fondamentales sur l’efficacité et la pertinence des critères d’évaluation et de promotion au sein de ce système.
Le premier postulat suggère que la réussite académique est un indicateur fiable de l’intelligence générale. Bien que les performances scolaires puissent refléter certaines capacités cognitives, comme la mémoire et la compréhension, elles ne sont pas nécessairement représentatives de toutes les formes d’intelligence. Des chercheurs en psychologie de l’éducation ont longtemps argumenté que l’intelligence est un concept multidimensionnel, englobant non seulement l’intelligence académique, mais aussi des formes plus pratiques et créatives d’intelligence. En se focalisant uniquement sur le succès académique, le système risque de négliger et de sous-évaluer d’autres formes d’intelligence tout aussi cruciales.
Le deuxième postulat repose sur l’assertion que la compétence académique se traduit par une aptitude à la prise de décision. Cette hypothèse semble ignorer que la prise de décision efficace dépend souvent d’expériences pratiques, de l’intuition, et d’une capacité à gérer l’incertitude et l’ambiguïté – des compétences qui ne sont pas nécessairement développées à travers un parcours académique traditionnel. En outre, la capacité à mémoriser et à restituer des informations, bien que bénéfique, ne garantit pas la capacité à synthétiser ces informations dans des contextes complexes et changeants.
Cette approche du système éducatif et professionnel peut donc mener à une survalorisation des compétences académiques au détriment de compétences plus pragmatiques. Elle favorise un modèle où la réussite est mesurée par des critères académiques plutôt que par une capacité à naviguer et à innover dans le monde réel. Cette dynamique pourrait expliquer pourquoi certains individus, bien que brillants sur le plan académique, rencontrent des difficultés dans des situations nécessitant une prise de décision rapide et efficace.
Il apparaît nécessaire de repenser les critères d’évaluation et de promotion dans nos systèmes d’organisation et de gestion, fortement influencés par le système francophone. Il serait judicieux d’adopter une approche plus holistique, reconnaissant la diversité des intelligences et valorisant des compétences variées telles que la créativité, la capacité d’adaptation, et la compétence en résolution de problèmes. Une telle réforme pourrait non seulement rendre le système plus équitable, mais aussi plus adapté aux défis complexes du monde contemporain.
✍Banouss
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