Le Niger nationalise la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR), détenue majoritairement par le groupe français Orano
Niamey, 19 juin 2025 – Le gouvernement nigérien a annoncé, à l’issue du Conseil des ministres tenu ce jeudi, la nationalisation de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR), jusqu’ici détenue à 63,4 % par le groupe nucléaire français Orano. Cette décision marque un tournant stratégique majeur dans la gestion des ressources minières du pays.
Créée en 1968 et exploitée depuis 1971 dans la région d’Arlit, la SOMAÏR est l’une des principales sociétés d’extraction d’uranium du Niger. Le gouvernement justifie cette nationalisation par des manquements graves de l’opérateur français, notamment l’arrêt prolongé des activités et des « agissements jugés irresponsables, illégaux et déloyaux ».
Cette mesure intervient dans un contexte de repositionnement souverain du Niger sur le contrôle de ses ressources naturelles, en particulier l’uranium, minerai stratégique utilisé dans l’industrie nucléaire. Le gouvernement entend désormais gérer directement la SOMAÏR à travers l’État et la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN).
« Il ne s’agit pas d’une rupture idéologique, mais d’un acte de souveraineté et de responsabilité envers le peuple nigérien », souligne une source gouvernementale. Le Niger avait déjà retiré en 2024 le permis d’exploitation d’Imouraren à Orano, et cette nouvelle décision confirme une volonté de rupture progressive avec l’influence économique française.
De son côté, Orano a fait savoir qu’il contestait cette décision et envisage de saisir les juridictions compétentes pour faire valoir ses droits. Le groupe avait déjà dénoncé des pressions croissantes sur ses équipes sur place et des violations de ses droits d’investisseur.
Cette nationalisation s’inscrit dans une dynamique plus large menée par les pays de la Confédération des États du Sahel (AES), visant à reprendre le contrôle de leurs richesses naturelles et à réorienter la coopération économique vers de nouveaux partenaires, notamment la Russie, la Chine et la Turquie.
Alors que le Niger cherche à valoriser davantage sa production nationale et à faire de ses ressources un levier de développement, cette décision soulève également des enjeux géopolitiques et économiques importants à l’échelle régionale et internationale.
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