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LE RETOUR DE KIDAL : DÉFIS ET PERSPECTIVES POUR L’AVENIR DU MALI.

Après l’opération militaire stratégiquement planifiée et exécutée par l’armée, les autorités militaires de Bamako ont confirmé la prise de Kidal. Depuis 2012, Kidal est restée un bastion des séparatistes, et c’est là que l’armée a subi une humiliation et une déroute lors d’affrontements avec les rebelles il y a onze ans. Kidal, que certains qualifient d’insoumise, est une ville stratégique car elle a toujours été le fief de toutes les rebellions touarègues du Nord du Mali. On comprend donc les liesse populaires observées dans plusieurs régions du pays après sa reprise aux mains des rebelles.
Passée l’euphorie, il est maintenant temps de se préoccuper des défis à venir pour les autorités maliennes, afin de renforcer leur emprise sur cette localité qu’elles tenaient à reprendre, et qui leur avait longtemps échappé. L’enjeu majeur est et reste donc l’instauration d’une politique pérenne de sécurité, car très souvent, pour les populations, la sécurité occupe le sommet de la hiérarchie des besoins. Cependant, le succès militaire à lui seul ne suffit plus pour gagner une bataille. D’autres pistes sont à prospectées.
À quoi donc l’État malien doit-il s’attaquer en priorité pour le bonheur de tous les Maliens?

Ramener les populations à Kidal
Le retour des populations sera l’un des principaux enjeux humanitaires, après que Kidal soit repassée aux mains des autorités. Plusieurs habitants de la ville ont déserté, soit par crainte des affrontements et des opérations militaires qui ont été lancés en septembre dernier, soit par crainte de représailles pour leur collaboration ou leur affinité avec les anciens maîtres de la région.

Réaffirmer la légitimité de l’État
Le retour des populations devrait être accompagné par la restauration de la légitimité de l’État. L’État malien doit travailler de sorte à être perçu comme légitime aux yeux de la population, quel que soit leur couleur ou leur position sociale. L’armée malienne doit éviter d’être perçue à Kidal comme étant une force d’occupation. L’enjeu immédiat est de gagner la bataille des cœurs et des esprits, car la victoire de Kidal a un impact psychologique non seulement sur les forces armées maliennes, mais également sur les insurgés qui ont perdu et dont le moral est à priori bas.

Accentuer la décentralisation
La déradicalisation devra passer par une accentuation de la décentralisation. Qu’est-ce qui fait que des populations, ou des groupes dans cet espace, ne veulent plus être Maliens? C’est parce que toute l’autorité et les priorités de l’État ont été centralisées à Bamako. Ils ont eu le sentiment d’être marginalisés. Il y a eu cette question de la mauvaise redistribution des ressources matérielles et symboliques. L’État doit travailler à ce que toutes les régions du Mali prennent en charge leur propre destin, que les ressources ne soient plus concentrées au niveau central et que la décentralisation soit effective dans ces espaces. L’objectif est que les populations aient un mot à dire sur leur destin. Cela permettra de déconstruire le discours des rebelles et d’éviter une radicalisation totale.

Restaurer l’intégrité territoriale
Les autorités maliennes auront l’impérieuse mission de restaurer l’intégrité territoriale du Mali et d’assurer les mêmes droits à tous les Maliens, où qu’ils soient. Pour cela, elles ont le devoir d’instaurer un climat de confiance et de sécurité afin que des populations jadis antagonistes réapprennent à vivre ensemble dans un Mali unifié et indivisible, seul gage de stabilité et de développement.

Vive le Mali
Vive l’Afrique

La rédaction

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