La famille en Afrique va au-delà de la famille nucléaire, elle comprend également la famille « manche longue », les voisins ainsi que les personnes du même village que vous. Réussir est le rêve de tous mais comment y arriver si en cas de réussite il faut être celui qui aura la lourde tâche de supporter le reste de « la famille » ?

Il est courant que les parents demandent à leur fils qui semble bien gagner sa vie de venir en aide, loger, nourrir, supporter les scolarités de tel ou tel personne. Une succession de sollicitation qui ne finira jamais. On ne tient vraiment pas compte du poids du sacrifice qui est imposé au fils prodige. Ce dernier est obligé de renoncer à ses rêves afin de ne jamais décevoir ses parents. Il n’est pas libre de faire ce qu’il veut avec son argent car, gare à lui si le bienfaiteur interrompt ses aides. Il rencontrera non seulement la colère et les malédictions mais également la pire des expressions d’ingratitude qu’il n’a jamais connu.

A titre d’exemple : il n’a pas le droit d’offrir un voyage à ses enfants alors que l’oncle attend qu’il lui achète un vélo. On ne réalise pas qu’ainsi on finit par créer une famille d’éternels assistés. Personne ne se bat encore pour s’en sortir il suffit juste de tendre la main à celui qui eut le courage de se battre pour réussir. Le malheureux se retrouve à nourrir plus de dix personnes, payer la scolarité de trois ou quatre enfants qui ne sont pas les siens, payer les loyers des frères et cousins, soutenir le commerce des tantes… Il est au service de tous sauf de lui-même.

Peut-on continuer à se sacrifier ainsi ?

Cette manière de fonctionner n’encourage-t-elle pas la fainéantise chez les uns et les autres ?

Ne contribuons-nous pas à tuer dans l’œuf toute chance de réussite des jeunes ?

Aidons-nous vraiment nos familles en les rendant si dépendant du seul membre qui émerge ?

LA DARONNE