Polémique autour des conditions de candidature à la présidentielle 2021 : L’opposition béninoise saisit l’Onu
De polémique en polémique, le processus électoral en cours au Bénin vient encore une fois de franchir les frontières du pays. Un opposant en exil, Sébastien Ajavon arrivé 3ème de la présidentielle 2016 a saisi le comité des droits de l’homme de l’Onu aux fins d’obtenir une suspension puis une ouverture du scrutin à tous les Béninois qui le désirent.
Sébastien Ajavon a déposé une requête auprès du comité des droits de l’homme de l’Onu. Son avocat l’a confirmé sur Rfi il y a quelques heures. L’opposant béninois en exil en France a décrit dans sa saisine tous les manquements à un scrutin pluraliste, attentatoires au droit de l’homme. En annexe à cette démarche le requérant a joint des décisions rendues précédemment par la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) sur le même sujet.
Ajavon Sébastien était arrivé en 3ème position au premier tour de la présidentielle dans son pays en 2016. Au second tour il avait appelé à voter pour le 2ème qui n’était rien d’autre que l’actuel chef de l’État Patrice Talon. Mais 8 mois plus tard une saga juridico-politique a contraint Ajavon à demander et obtenir exil en France suite à une sombre affaire de saisine de 16 kg d’héroïne pure cachés dans un conteneur débarqué au port de Cotonou. C’est de là qu’est parti tout le contentieux déféré à présent devant l’Onu.
La situation actuellement au Bénin est singulière. Un seul candidat est en mesure de réunir le nombre nécessaire (soit 16) de parrains pour faire valider sa candidature. Il s’agit du président Patrice Talon dont les deux partis détiennent la totalité des 82 députés et 71 maires sur 77. Un seul autre parti Fcbe peut se prévaloir de 6 maires seulement largement insuffisant pour atteindre les 16 députés et/ou maires exigés par le nouveau code électoral. Ainsi toute autre candidature que celle du chef de l’État doit donc avoir l’aval de ce dernier ou des deux partis qu’il a créés en 2017.et qui détiennent à eux deux 163 parrains sur 169 au total. L’opposant en exil et ses partisans estiment que cette position du président Talon qui a la latitude de désigner par son propre camp ses concurrents est une violation des droits de l’homme.
Auparavant, l’opposant en exil avait déjà saisi la CADHP sur ces entorses au droit des citoyens à la concurrence politique et a obtenu plusieurs décisions enjoignant à l’État béninois de rétablir l’équité et la démocratie notamment lors des processus de désignations des responsables élus du pays. Des décisions qui sont restées des lettres mortes jamais appliquées. Ce qui explique le choix d’élever le niveau de la contestation jusqu’aux Nations unies. La crise politique perdure au Bénin depuis 2019 avec l’organisation des législatives sans la participation des partis opposés à la politique du gouvernement. De même que les municipales de 2020 organisées dans le même esprit. Voilà que la loi renvoie à ces mêmes élus à l’issue de ces élections contestées pour obtenir des parrains avant de se présenter à la présidentielle.
Le premier tour de l’élection est prévu pour le 11 avril.
Rose Ouedraogo envoyée spécial
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