Présidentielle 2021 au Bénin : Le message flou de l’Onu
En séjour au Bénin depuis quelques jours le diplomate onusien, Ibn Chambas rencontre ce jour mercredi 10 février le chef de l’État, Patrice Talon. Une phrase lâchée par le représentant spécial de l’Onu pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel a l’issue de ses premiers entretiens avec les protagonistes de la crise électorale a déclenché une petite polémique. Il a parlé de la nécessité de tenir les élections présidentielles prochaines à bonne date. La bonne date ne semble pas avoir la même signification auprès des opposants ou des mouvanciers.
Tenir les élections à bonne date. C’est la phrase qui retient l’attention dans la plupart des états majors politiques au Bénin. Ce vœu exprimé par le représentant spécial de l’Onu pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel, Ibn Chambas est diversement interprété. Il intervient alors que le pouvoir en place à Cotonou a fait voter en novembre 2019 une révision constitutionnelle qui ajoute 45 jours de plus au délai de 5 ans. Pour les opposants, Patrice Talon ayant prêté serment le 06 avril 2016, il devrait rendre le tablier 5 ans après, soit exactement le 05 avril 2021. Mais du fait de la révision effectuée par un parlement composé à 100% des députés des deux partis créés un an plus tôt par le chef de l’État, le premier tour est désormais arrêté au 11 avril soit 6 jours de plus que la date échue au terme de la constitution initiale. Tout ce processus fait déborder le délai de 45 jours.
Pour le pouvoir de Talon, la bonne date de 2016 a changé. Le délai de fin de mandat n’est plus le 5 avril comme prévu dans la constitution de prestation de serment en 2016. Cette échéance est désormais décalée jusqu’en mai comme nouvelle échéance. Le pouvoir justifie cette modification par la volonté d’aligner les mandats de chef d’État et celui des députés et des élus locaux. A partir de 2026 il sera organisé des élections générales pour désigner aussi bien le chef de l’État, les députés que les élus locaux. Le régime estime pouvoir faire réaliser des économies pour le budget national en évitant la multiplication des processus électoraux. Bien qu’ayant bougé la date de fin de mandat, le régime soutient que la nouvelle date est la bonne et donc conforme aux prescriptions du représentant spécial de l’Onu.
L’opposition quant à elle a une toute autre appréciation de la bonne date des élections. Elle ne cesse de répéter qu’il n’est pas question que le chef de l’État actuel aille au-delà du 5 avril. Le jour de la prestation de serment est considéré comme le début du mandat. Le rappel de la bonne date signifie pour l’opposition une pression pour que la prochaine prestation de serment se déroule le 6 avril comme il y a 5 ans. La bataille autour de la date de fin de mandat est relancée de plus bel avec les déclarations de Ibn Chambas. Le diplomate onusien a vite fait de préciser qu’il était juste en mission d’information chaque camp essaie d’interpréter ses propos a son avantage.
Pierre Ouédraogo
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