Procès Thomas Sankara : Le « Show » du général Diendéré
Trois jours durant, le général Gilbert Diendéré, droit dans ses bottes a respecté la tradition, c’est-à-dire répondre aux questions du président du tribunal, des parties civiles, du parquet militaire et de la défense. Tout le monde attendait avec impatience que celui qu’on appelle « Golf » passe à la barre. Les réseaux sociaux, la presse nationale et internationale en ont fait la « pub » pour le passage à la barre de la « boite noire ».
Quoi de plus normale car estimant qu’il a joué un rôle prépondérant dans l’assassinat du père de la révolution d’août 1983. Les yeux du monde étaient braqués sur ce passage de Diendéré à la barre à tel enseigne qu’une « communication » a été faite avant son passage au parloir.
Lors de son interrogatoire, c’est un Diendéré, calme serein et confiant qui se prête aux questions des juridictions. Cela peut se comprendre aisément par son « expérience » acquis au procès du putsch, mais aussi à travers son conseil qui lui sermonnent à chaque occasion, sans oublier la pile de dossier que la « boite noire » traine avec elle.
Pour sa première journée, « Golf » a fait une première impression qui a donné de quoi titrer les journaux et de quoi polémiquer dans les « grins » de thé. En effet, à une question du procureur militaire concernant une déclaration de Blaise Compaoré, l’accusé a répondu au parquet d’aller poser la question au concerné. Cette réplique n’a pas été du goût du procureur qui exige un « respect pour sa personne ».
Au deuxième jour, c’est avec Me Farama que le général va faire le « Show ». « Avec tout le respect que je vous dois quelqu’un qui vous écoute toute une année ne vous comprendra pas ». Et Diendéré de répondre : « Si vous n’avez rien compris, j’ai envie de vous dire que vous êtes bouché ». Et l’avocat de rétorquer : « si moi je suis bouché, je dirai que vous êtes taré ».
Le dernier jour de son interrogatoire, le général Gilbert Diendéré continu de « narguer » le tribunal dans une aisance indescriptible. Et c’est encore le parquet militaire qu’il a renvoyé à ses documents.
La saveur de ce procès historique ne réside pas dans le superflue, ni dans l’envie d’une perspective de récupération politique encore moins d’une guerre infantile. Le procès Thomas Sankara et douze de ses compagnons dépasse largement le cadre de Diendéré et encore moins sa personne. Ce procès est historique dans la mesure où plusieurs questions sont restées en suspens pendant des décennies. Il y a donc nécessité de ne pas cristalliser les débats autour de la personne de Diendéré, mais sur ses responsabilités dans les évènements du 15 Octobre 1987, afin que la vérité se manifeste enfin.
L’éditoriale
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