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Tensions autour de la présidentielle 2021: Savè se prépare à la guerre contre l’armée de Talon

testThéâtre depuis quelques années de ligne de mire une mystérieuse milice composée de présumés chasseurs et autres déserteurs de l’armée nationale.

Savè de nouveau bouclé par des militaires lourdement armés dès les premières heures du vendredi 22 janvier 2021. Plusieurs témoignages évoquent le déploiement d’engins lourds et de troupes importantes autour de la ville devenue le symbole de la résistance au régime de Talon. En l’espace de 2 ans, les pauvres paysans du département des Collines dont fait partie Savè ne compte plus le nombre d’affrontements meurtriers aux abords de leurs Habitations.
Officiellement aucune déclaration sur les raisons des opérations militaires, la énième dans la région depuis plus de deux ans. C’est en 2019 que les Béninois ont découvert leur « Casamance » sauf que dans le cas d’espèce les adversaires de l’armée n’ont pas de revendications ou de responsables connus. La rumeur parle d’un groupe de chasseurs traditionnels usant plus méthodes occultes faits d’amulettes et d’incantations que d’armes conventionnelles.
L’annonce des dernières agitations dans cette zone était justement attendue par de nombreux Béninois. A l’orée de chaque grand événement politique Savè et régions devenaient un champ de bataille au vrai sens du terme avec ses mots de violences, de morts, de destruction d’habitations et de scènes d’horreur. En 2019 lors de la contestation de l’organisation des législatives excluant tous les partis hostiles au chef de l’État les affrontements avaient fait craindre le pire pour le pays. Pour le moment personne n’ose parler au Bénin de rébellion même si de nombreuses sources évoquent la présence au sein des combattants des déserteurs de l’armée et de la police ainsi que des chasseurs traditionnels. Certains responsables politiques proches du régime soupçonnent cette armée non identifiée de bénéficier du soutien de chasseurs nigérians voire de quelques hauts militaires de ce grand voisin.
Sur le plan politique interne, l’ancien président de la République, Boni Yayi est considéré comme le parrain de cette « rébellion armée ». Tout simplement parce qu’il est originaire de la ville de Tchaourou pas très loin de de Savè mais située un peu plus au Nord. Les troublés ont pris une tournure carrément insurrectionnelle lors du blocus imposé à Yayi dans son domicile de Cotonou pas des agents en uniforme durant plus de 50 jours sans eau et électricité. Cet épisode constitue désormais un contentieux très difficile à effacer des mémoires. Les violences ont débordé jusqu’à Cotonou et se sont soldées par une meurtrière fusillade devant le domicile de Yayi Boni les 1er et 2 mai 2019 ayant occasionné 2 à 3 morts dont une femme enceinte.
Les présidentielles de 2021 s’annoncent pratiquement sous les mêmes hospices que les législatives de 2019. Encore une fois les adversaires politiques de Patrice Talon se plaignent d’être exclus du processus. Le chef de l’État dispose à lui seul des 82 députés et de 71 maires environs. Tous des parrains indispensables pour toute déclaration de candidature. Il est exigé au moins 16 parrains à toute candidature valable. Or seuls seuls 6 maires échappent aux deux partis créés par le président Talon en 2017. On s’achemine donc à une élection avec un seul candidat, Patrice Talon ou à une élection avec un ou deux candidats concurrents choisis par Talon lui-même.

François Oyabi

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