Zeph et ses plumes de canard
La volée de bois vert contre « monsieur tunnel » continue de s’hypertrophier comme le ventre d’un ballon de baudruche. À peine Zéphirin Diabré a-t-il décidé de pardonner Simon Compaoré dans l’affaire dite « Tranquillos » et de retirer ipso facto sa plainte déposée contre lui, que l’opinion s’indigne en traitant le « professeur du canal de Suez » de comédien, de celui-là qui est tombé bas, etc. Les gens n’ont décidément rien compris. Ils écoutent Zeph mais semblent ne pas l’entendre. Ils ne sont pas en fait attentifs à l’évolution constante des différentes sorties médiatiques du chef des lions depuis sa nomination au département de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Et aussi au poids des mots qu’il utilise dans lesdites sorties.
Dès la présentation des vœux de son parti, Zeph a bien martelé qu’il a « tourné la page ». « L’UPC a décidé de manière souveraine de répondre favorablement à la demande du président du Faso », avait-il ajouté. Plus tard, sur RFI, il ressasse: « Nous avons décidé de manière souveraine notre trajectoire » nouvelle. À y regarder de près, Zeph assume sans sourciller sa nouvelle posture et entend agir conformément à la logique de ladite posture. Pour ce côté harmonieux de sa démarche, Zeph mériterait plutôt des vivats qu’un lynchage sur les réseaux sociaux. Comment voulez-vous qu’il agisse en contradiction avec sa nouvelle posture assumée et revendiquée ? Comment voulez-vous qu’il soit toujours à coûteux tirés avec le patron du MPP dont il a rejoint le gouvernement où il a la lourde mission d’apaiser les cœurs meurtris ? Ceux qui ont été surpris de ce coup de théâtre, n’ont manifestement rien compris de l’emphase avec laquelle Zeph fait ses sorties médiatiques.
Si tant est que l’affaire « Tranquillos » est une « délinquance d’État, n’est pas une affaire banale et dépasse les compétences de Zeph » comme le pense mon confrère écrivain Adama Siguiré, et relève plutôt de celles de la justice, le bon sens aurait voulu qu’on ne fît pas trop de ramdam suite au pardon accordé par Zeph à Simon. En outre, si le procureur ne s’est pas saisi de l’affaire au nom de l’action publique et que chacun de nous y a droit, le retrait de la plainte de Zeph qui veut être logique avec lui-même ne saurait avoir un caractère rédhibitoire à la manifestation de la vérité dans ce dossier. Étant donné que chacun de nous peut se substituer à Zeph pour porter la plainte en justice. Tout se passe comme si Zeph est l’homme providentiel par qui l’aboutissement de l’initiative d’une telle plainte, doit forcément passer. Au contraire, le rebondissement de cette affaire met à nu la naïveté politique d’une partie du peuple burkinabè de croire que Zeph ne pactiserait jamais un jour avec le MPP et est le Jésus Christ du Burkina au parcours immaculé qui porterait seul sur la croix le fardeau du peuple burkinabè. Tout comme Zeph, tous les citoyens qui pensent qu’ils sont lésés dans cette affaire, devaient aussi porter plainte.
Dans tous les cas, Zeph, le KKB du Burkina, est résolument aujourd’hui dans la posture du canard dont les plumes sont insensibles à l’eau de la pluie des critiques dont il fait l’objet. C’est la caravane qui passe nonobstant les aboiements du chien galeux. Ceux qui n’ont pas encore compris le poids des mots choisis par Zeph pour sa communication, notamment qu’il a réellement « tourné la page » et a décidé « de manière souveraine » d’opérer sa volte-face, peuvent continuer de s’égosiller et de jacasser comme des pies borgnes sur le supposé coup de théâtre dont relève le retrait de sa plainte. Ce coup de théâtre n’est d’ailleurs que le 2e (après son entrée dans le gouvernement) qui pourrait annoncer d’autres. À ce titre, il n’est pas exclu qu’un jour, Zeph annonce à l’opinion que son parti se fond désormais dans le MPP dans la perspective de la formation d’un gigantesque parti qui règnerait des décennies au Burkina Faso.
L’écrivain chroniqueur iconoclaste ✍️✍️✍️
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