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Asseta Oubda, PDG et cheffe d’entreprises : « la femme d’affaires Burkinabè qui rêve de conquérir le monde »

Oubda Asseta, PDG des entreprises : Commerce Général du Burkina (CGB) et Société Industrielle pour la Transformation et la Commercialisation des Céréales (SITRAC-SA) fait ses armes dans l’entrepreneuriat depuis 2012. Un parcours qui fait désormais tâche d’huile dans le monde des affaires. Elle a décidé de nous parler de cette formidable aventure à travers une interview qui se veut une intrusion sur sa propre histoire, ses motivations et ses défis en tant qu’actrice majeure de l’entrepreneuriat.

testOubda Asseta

Que pouvez-vous vous nous dire sur vous-mêmes et sur votre entreprise ?

Je suis madame Oubda Asseta. J’opère dans l’industrie agroalimentaire, plus précisément dans la collecte, le tri et la transformation de tout ce qui est produit agricole et produit du cru.

Revenons un peu sur l’historique de votre entreprise à sa création ?

Je peux dire que l’entrepreneuriat m’a bercé depuis le plus jeune âge. Née d’un père et d’une mère, tous deux commerçants, j’ai été très vite piquée par le virus du commerce. Mes parents ont exigé que j’aille d’abord à l’école, mais l’amour de ce métier m’a rattrapé et j’ai dû abandonner l’école au second cycle pour commencer mon apprentissage du commerce aux cotés de ma maman.

Cette brave femme m’a donc initié progressivement aux rudiments du métier. J’en suis sortie avec une confiance renforcée en moi-même. Il fallait ensuite me mettre à mon propre compte. C’est ainsi que je me suis retrouvée à la tête d’une entreprise de collecte, de commercialisation de céréales et de produits du cru dénommée « Commerce Général du Burkina (CGB) » que j’ai créée en 2012.

Plus tard en 2018, je me suis lancée dans l’industrie de transformation du maïs avec la création de ma seconde structure dénommée « Société Industrielle pour la Transformation et la Commercialisation des Céréales (SITRAC) ». L’objectif était de soulager les ménagères en apportant une valeur ajoutée à cette céréale très utile dans la consommation locale. Cette initiative a considérablement élargi mon champ d’action en relevant le nombre d’employés à près de 150 personnes dans toutes mes entreprises réunies.

testOubda Asseta

Expliquez-nous davantage comment vous êtes partie du commerce pour vous retrouver dans l’industrie de transformation

Après plusieurs années d’expériences acquises dans la collecte et la commercialisation des céréales et des produits du cru, j’ai pensé qu’il fallait passer à l’étape supérieure et faire mieux que ce qui se faisait déjà. On ne pouvait rester indéfiniment à l’étape de la simple commercialisation des céréales. Je me suis rendue compte qu’on pouvait y apporter une plus-value en les transformant. C’est dans cette dynamique que je me suis lancée dans la transformation des produits agricoles à travers l’acquisition d’une unité industrielle en faillite. Il a fallu me mettre au travail pour donner une nouvelle orientation à l’entreprise, relancer la structure, procéder aux réaménagements nécessaires pour parvenir à mes objectifs. Tout ceci dans un environnement très rude où tout le monde me prédisait l’échec et la banqueroute inévitable. Au bout de l’abnégation avec mon équipe nous avons pu redresser l’outil acquis afin d’en faire une vraie industrie aujourd’hui.

testOubda Asseta

Vous avez dû bénéficier de quelques soutiens :  moral, financier ou matériel…

Ma maman a été mon soutien dès les toutes premières heures en me faisant confiance. N’oubliez pas que j’ai fait mes premières armes en affaires à ses côtés. Elle ne m’a jamais lâché que ce soit moralement ou financièrement. Mais une fois que j’ai décidé de prendre mon envol je me devais d’aller jusqu’au bout et de réussir.

J’ai de ce fait réalisé des épargnes, que j’ai par la suite réinjectée dans mes activités. Et enfin pour redynamiser mes entreprises et surtout dans le processus de rachat de SITRAC, j’ai dû avoir recours aux institutions financières pour lever des fonds et financer mes projets. De CGB à SITRAC, il a fallu du courage et de la persévérance, car la mobilisation des ressources est le problème crucial commun à tous les entrepreneurs au Burkina. De l’audace, il en aurait fallu, car pour aller racheter une usine qui était en faillite, il fallait déjà avoir une vision claire de ce qu’on voulait en faire. J’ai pris mon courage à deux mains sans me soucier des éventuelles conséquences. Je me suis lancée et les choses commencent à bouger. Aujourd’hui, le bilan est satisfaisant, et je n’ai aucun regret.testOubda Asseta

Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?

Ma vision est de conquérir l’Afrique de l’Ouest avec mes entreprises. Je veux d’abord conquérir le Burkina Faso ensuite l’Afrique et pourquoi pas le monde entier. Je travaille actuellement à la diversification de mes productions, tout en me conformant aux normes régionales et internationales. Mon ambition est de fournir plusieurs gammes de produits dans le domaine agroalimentaire qui connait un boom actuellement. Et pour cela il me faut mobiliser avec l’aide des partenaires financiers la somme d’au moins deux milliards (2 000 000 000) de francs CFA afin de renouveler mon matériel de production, et acquérir de nouveaux matériels plus performants. L’Afrique apprend à transformer ses matières premières. C’est à saluer et à encourager.

Comment se porte vos entreprises au Burkina Faso ?

Mes entreprises se portent à merveille au Burkina Faso. CGB étant une entreprise de commerce général, avec une solide expérience, une saine gestion et un personnel compètent et dévoué, a amorcé sa pleine croissance et jouit d’une bonne santé financière. Quant à SITRAC, nos principaux clients étant les brasseries, les cantines scolaires et les ménages, la demande est très forte. A cause de la vétusté et la moyenne capacité de nos moyens de production, nous n’arrivons pas à faire face à la demande de plus en plus forte.

testOubda Asseta

Est-ce que le domaine est porteur ?

Le domaine est très porteur au Burkina Faso parce que tout simplement la nourriture de base c’est le tô qui est fait à partir de la farine de maïs. En plus, nous avons une panoplie de mets à base de céréales locales. L’investissement dans le domaine de la transformation de ce secteur est plus qu’une nécessité. Le domaine n’est pas encore saturé et ceux qui veulent y entreprendre le peuvent encore surtout que l’Etat encourage la consommation des produits made in Burkina.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Les contraintes ne manquent pas. En dehors des difficultés de financement, l’approvisionnement en matière première reste sujette aux aléas des récoltes dû à la pluviométrie. Il est à noter également que nous faisons face à un déficit criard d’aires de stockage. Il est enfin à noter que la chaine de livraison n’étant pas toujours maitrisée, nous nous retrouvons souvent avec des matières premières contaminées par une moisissure appelée aflatoxine.  Il n’y a pas mal de difficultés que nous rencontrons mais avec l’appui de l’Etat, qui a mis en place les organisations paysannes, on peut avoir les produits de qualité et en quantité.

testOubda Asseta

Parlez-nous de vos difficultés en tant que femme ?

Le chemin d’une femme qui entreprend est toujours semé d’embuches. Nous vivons dans une société en pleine évolution certes mais qui continue de traîner quelques appréhensions sur la perception que les gens peuvent avoir des femmes cheffes d’entreprises. Les pesanteurs sociales et les a priori ont toujours pignon sur rue. Voir une femme évoluée et réussir dans notre société, pose tout de suite la question de comment elle a fait pour arriver à ce niveau. Nous ne pouvons que suivre les conseils de nos amis, et nos proches, travailler plus pour prouver qu’une femme peut réussir dans n’importe quel domaine au même titre qu’un homme. Nous ne sommes pas dans une logique de bras de fer avec les hommes. Nous sommes leur moitié et nous nous complétons.

Quels conseils avez-vous à l’endroit des femmes qui veulent entreprendre ?

Tout d’abord il faut avoir le courage. Il faut oser pour entreprendre. On n’a pas besoin de grand-chose pour entreprendre. Quand tu as l’amour du travail, le reste suivra. Il faut toujours rester concentré et déterminé sur ses objectifs et bien tracer son chemin. Pour des croyants comme moi, la foi est un refuge très important. Rien n’est facile et la réussite se trouve au bout de l’effort.

testOubda Asseta

Nous sommes dans le mois de Mars, mois par excellence de la mise en exergue des droits de la femme. Quel est votre message à l’endroit des femmes du Burkina et du monde entier

J’aimerai dire aux femmes de mon pays et d’ailleurs, que je ne vois pas la journée du 8 mars comme une journée festive à l’instar de ce que nous voyons chaque année. Elle doit nous permettre de faire une auto introspections dans nos habitudes et prendre des résolutions pour être utile à notre environnement et à notre pays.testOubda Asseta

 Quel est votre mot de la fin ?

Mon pays est en proie depuis un moment à une grande insécurité liée surtout aux attaques terroristes. Je prie que la paix revienne dans le pays, gage de développement. Je souhaite également la cohésion sociale entre tous les fils et filles du pays, pour cela nous prions pour que le processus de réconciliation nationale entrepris par nos autorités actuelles aboutisse afin que le Burkina Faso retrouve son unité nationale. C’est à ce prix que nous pourrons relancer l’économique du pays. Aucun sacrifie n’est au-dessus de la recherche de cette paix. Et je crois que nous sommes sur la bonne voie. Dieu bénisse et protège le Burkina Faso.

Interview réalisée par Idrissa Napon

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6 commentaires

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Dakuyo Zacharie

Je souhaite travailler dans votre entreprise

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Dakuyo

Félicitations et beaucoup de courage et de chance à vous.Je souhaite travailler dans votre entreprise

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KANAZOE

Félicitations et plus d’abnégation le meilleur reste à venir Inchallah

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NARE HÉLÈNE

Toutes mes félicitations et beaucoup de courage.

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Safia

Bravo Bravo Bravo Vive l entreprenariat Feminin au Faso

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San

Félicitations à elle

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